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Comme une horloge suisse

30 juillet 2014
Par Ashwin Rangan

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L'expression même « comme une horloge suisse » évoque une image puissante et presque universelle d'un mécanisme fonctionnant avec précision. Elle évoque l'élégance, des éléments conçus avec beaucoup d'attention, assemblés avec amour, des rouages qui se mettent en marche, chacun ayant son propre but. Chaque pièce dit quelque chose, et ensemble, elles indiquent un moment donné dans le temps. Le temps, mesuré de différentes manières : en secondes, en minutes, en heures, en jours de la semaine, en dates du mois, en phases de la lune, en mois de l'année.

La région du Jura, dans le nord-ouest de la Suisse, est connue pour ses prouesses en matière de fabrication horlogère. J'ai eu la chance de pouvoir aller en Suisse il y a quelques années. J'ai pris connaissance de l'histoire longue de plusieurs siècles de la fabrication horlogère, et des nombreux progrès qui ont mené en un siècle aux montres que nous connaissons aujourd'hui, précises à la seconde près. Impressionnant !

J'ai également appris qu'il n'en avait pas toujours été ainsi. On m'a expliqué que les premières montres disponibles à la fin du XVIe siècle indiquaient une heure approximative. Au cours de ces derniers siècles, on a ajouté et enlevé des éléments. Des métaux et des minéraux ont été choisis et rejetés. Des pierres précieuses ont été utilisées pour empêcher l'usure et créer une friction dynamique prévisible. Les mouvements ont fait l'objet d'expériences. Beaucoup étaient prometteurs mais ont fini par être abandonnés. D'autres ont continué à être employés.

À l'heure actuelle, plusieurs systèmes à l'intérieur d'une horloge suisse sont considérés comme acquis, tels que le mouvement automatique, ce qui signifie que l'horloge n'a pas besoin d'être remontée. J'ai appris que les ratios de vitesse étaient l'un des secrets les mieux gardés aux débuts de l'industrie horlogère.

À l'ICANN depuis quelques mois, je réfléchis aux moyens d'encadrer notre vaste communauté internet, dans laquelle l'ICANN joue un rôle. J'ai commencé par me concentrer sur les horloges suisses comme système de référence.

De bien des façons, la communauté internet est comme une horloge suisse en évolution. L'ICANN est l'un des nombreux rouages de cet entremêlement de roues. Certaines sont bien huilées, étant en place depuis quelques années. Nous avons assemblé ce mécanisme imposant, mondial, inédit, multipartite, visant le consensus et ascendant, avec amour, prévoyance et soin, et au bout d'innombrables heures de travail bénévole. Il en a résulté Internet, chacun de ses éléments disant quelque chose. Ensemble, ils représentent cette incroyable contribution à l'humanité qu'est Internet.

En tant que communauté, nous interagissons les uns avec les autres comme les rouages d'une horloge suisse. C'est le mot essentiel, interagir. Autrement, nous passerions simplement les uns à côté des autres.

L'interaction implique un mouvement vers l'avant menant à de meilleures issues, à un Internet qui s'améliore sans cesse, le dialogue constructif agissant comme un moteur. L'ICANN y joue un rôle, c'est certain. Et dans une moindre mesure, les technologies de l'information au sein de l'ICANN ont également un objectif.

Le rôle de l'ICANN est de servir la communauté internet, dans toute son ampleur et sa diversité. L'objectif des technologies de l'information au sein de l'ICANN est de définir, concevoir et fournir des services compatibles avec elles-mêmes. La technologie est un des moyens, voire le seul, permettant à cette communauté mondiale d'interagir de manière efficace.

Le monde entier est notre Jura. Nous devons essayer différents moyens et mécanismes (et avoir la volonté de les mettre de côté si nécessaire) afin d'obtenir un mouvement vers l'avant. Sinon, nous sommes voués à passer les uns à côté des autres, comme des roues sans dent qui glissent les unes sur les autres.

Nous avons déjà des représentants de la communauté internet, sous la forme des organisations de soutien, des comités consultatifs, des parties contractantes, du Conseil d'administration, de l'ICANN elle-même, des organisations I*, des sociétés, etc. Il serait envisageable d'étendre le concept des groupes d'utilisateurs à ces groupes afin d'avoir une « voix de la communauté », qui contribuerait à définir les besoins de services.

Au cours de ces derniers 18 mois, l'ICANN a créé une organisation de gestion des produits, qui fait office de roue permettant d'interagir avec les communautés que nous servons. La gestion des produits de l'ICANN peut contribuer à élaborer la réponse aux besoins de services de nos communautés.

Au cours de la récente 50e réunion de l'ICANN à Londres, j'ai constaté un certain intérêt pour la formation de groupes d'utilisateurs qui interagiraient avec l'ICANN au nom des communautés de bureaux d'enregistrement et de registres, du Conseil d'administration, du SSAC, du GAC et de l'ALAC. J'espère pouvoir poursuivre ce dialogue et parler à d'autres groupes communautaires lors de la 51e réunion de l'ICANN pour juger de leur intérêt dans des groupes d'utilisateurs semblables.

De cette façon, nous serions sur une piste pour créer et faire fonctionner des roues dentées. La communauté des bureaux d'enregistrement et le Conseil d'administration échangent déjà avec le personnel de l'ICANN pour discuter des moyens de mieux se focaliser sur les services de technologies de l'information qu'ils souhaitent. Le GAC a annoncé un calendrier de participation précis. Le SSAC et l'ALAC ont fait part de leur volonté de lancer un processus similaire.

Tandis que nous nous lançons sur cette voie, il n'est pas inutile de noter que les Suisses ont perfectionné les mécanismes de leurs montres sur quatre siècles. Nous, la communauté internet, sommes là depuis une trentaine d'années, à 10 ans près. Nous sommes des humains, pas des métaux ou des minéraux. Nous avons des pensées, des sentiments et des opinions. Nous sommes malléables, et non rigides. Et pourtant, nous voulons la précision. C'est sans doute une noble cause mais... nous devrions profiter des bienfaits du temps pour tester des solutions alternatives et adopter celles qui fonctionnent. Pour chacun d'entre nous. L'idée des groupes d'utilisateurs semble faire consensus, pour le moment.

Interagir avec les groupes d'utilisateurs de la communauté. Participer à la gestion des produits de l'ICANN. Agir en synchronisation les uns avec les autres, à une allure sensée. Fabriquer notre propre horloge suisse…

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Ashwin Rangan

Ashwin Rangan